Pollution par les OGM

liens

juin 05

 Jacques Hallard.

OGM : Documents disponibles en français et accessibles par Internet

Etudes spécialisées et plutôt critiques sur les OGM, la plupart émanant de ISIS et ISP.
OGM - L'ADN dans l'alimentation humaine et animale. Dr. Mae-Wan Ho Rapport de l'ISIS du 17 juin 2004, en français.
OGM : Les aliments génétiquement modifiés ne conviennent ni aux humains ni aux animaux Dr. Mae-Wan Ho et Prof. Joe Cummins. Rapport de l'ISIS du 29 avril 2004, en français.
OGM : Des gènes synthétiques dans les plantes alimentaires. Traduction en français du rapport de Joe Cummins du 1er septembre 2004, en anglais, accessible par : http://www.i-sis.org.uk/sgigmcfr.php . Version originale en anglais : www.i-sis.org.uk/sgigmc.php
OGM : Pas de soja génétiquement modifié GT 73 -Article en anglais : "No to GM Oilseed Rape GT73") publié dans la revue "Science in Society", N° 24, Winter 2004, 18-19. Version française.
OGM - Le blé transgénique : créé pour polluer. Prof. Joe Cummins, I.S.P. Communiqué de presse du 6 mars 2003.
OGM : Promotion d'un "Biopharming" dangereux au Canada et dans le Tiers Monde. Prof. Joe Cummins, I.S.P. Communiqué de presse du 18 février 2003.
OGM : Des plantes productrices de substances pharmaceutiques toxiques se retrouvent parmi nous.
OGM : Des produits pharmaceutiques, issus de plantes génétiquement modifiées, sur le marché américain. Version avec références pour les membres de l' ISIS : http://www.i-sis.org.uk/full/GMBIMFullfr.php .
OGM : Un riz qui provoque des cancers est développé au Canada. Version avec références pour les membres de l' ISIS : http://www.i-sis.org.uk/full/CPTRFullfr.php .
OGM : Les médecins britanniques demandent plus de recherches sur les impacts des Organismes Génétiquement Modifiés sur la santé OGM : Plantes génétiquement modifiées pour la production de vaccins et d'anticorps thérapeutiques. Prof. Joe Cummins. Communiqué de presse du 31/08/2004, consultable sur http://www.i-sis.org.uk/BMAfr.php (français) et http://www.indsp.org/pharmcropsFR.php
OGM : Des virus génétiquement modifiés comme pesticides biologiques . Prof. Joe Cummins Article du 24 novembre 2003. OGM : Pas d'apparition d'une résistance à Bt chez les insectes ? Prof. Joe Cummins. Décembre 2003. Traduction en français de l'article.
OGM : Le glyphosate est toxique et le " Roundup " est encore plus mauvais. Dr. Mae-Wan Ho et Prof. Joe Cummins. Traduction du rapport du 7 mars 2005.
OGM - Un système "Terminator" français oublié. Prof. Joe Cummins, I.S.P. Communique du 19 décembre 2003.
OGM : Des arbres stériles " Terminator ". Prof. Joe Cummins et Dr. Mae-Wan Ho . Traduction du rapport du 1er mars 2005.
OGM : Une ultime menace : les arbres forestiers génétiquement modifiés. Traduction du rapport signé Docteur Mae-Wan Ho et Professeur Joe Cummins. 28 février 2005.
"Quand des OGM et des pesticides conjuguent leurs effets néfastes sur notre santé", par Jacques Hallard, Ing.CNAM. Note mise en ligne le dimanche 20 mars 2005 et accessible sur le site : yonne.lautre.net/article.php3 ?id_article=1119
" Le plaidoyer en faveur d'un monde soutenable (ou durable) sans modification génétique ". Rapport de l'ISP = Independent Science Panel. Mai 2003. Résumé et texte complet : traduction en français du dossier sur le site Web : www.indsp.org Maintenons l'EUROPE sans OGM ! Investissons plutôt dans une Agriculture Durable. Traduction du compte-rendu de Lim Li Ching concernant les interventions prononcées au Parlement Européen le 20 octobre 2004 par des chercheurs indépendants. http://www.indsp.org/KeepGMoutFR.php
OGM : La vie après le cauchemar des manipulations génétiques. Traduction en français de l'exposé présenté par le Dr. Mae-Wan HO, lors d'une séance au Parlement Européen sous l'égide de l' I.S.I.S. et de l' I.S.P. le 20 octobre 2004.

 

 

 texte de BEDE (Bibliothèque d'Echange de Documentation et d'Expériences): CD "interface enjeux du vivant 2000" distribué gratuitement par DEBE et AREA-ED

nov 02 

 

Limiter et contrôler

Erosion génétique

OGM

Espèces introduites

Substitution des variétés locales

Biotechnologie

Biodiversité

Brevets

Droit des communautés


 limiter et contrôler

 Limiter l'érosion génétique et contrôler la diffusion des organismes génétiquement modifiés, deux enjeux majeurs pour la société
 A l'interface entre la science et la société, la gestion raisonnée de la diversité biologique doit savoir maîtriser les deux phénomènes cruciaux que sont l'érosion génétique d'une part et la diffusion des organismes génétiquement modifiés d'autre part.

  1. Le postulat de base qui a déjà été vérifié dans des cas précis attribue à la diversité génétique une fonction positive dans la durabilité des systèmes biologiques. Le corollaire étant que l'érosion accrue de ces dernières décennies est un facteur d'insécurité pour la société. Il est inutile d'insister ici sur le rythme actuel d'extinction des espèces, les menaces de dysfonctionnement de grands écosystèmes comme la forêt tropicale, ou encore la fonte des ressources génétiques dans l'agriculture moderne par la généralisation de races et variétés à haut rendement. L'érosion génétique appelle à une réflexion à la fois technique et politique sur le mode de conservation. La conservation ex situ dans les banques de gènes ou dans les zoos et jardins botaniques et une conservation in situ dans des aires protégées (parcs nationaux, réserves..) qui ont été jusqu'ici privilégiées, apparaissent aujourd'hui coûteuses et discutables dans leur efficacité. Les politiques de conservation ont longtemps visé à exclure les communautés humaines, niant les modes d'organisation sociales, les savoirs traditionnels et les systèmes de valeurs qui étaient attachés ce qui a occasionné une situation de crise et de conflits sociaux. Elles ne disposent toujours pas aujourd'hui d'instruments juridiques et politique garantissant la durabilité de la conservation. Par ailleurs ces lieux conservatoires parce qu'ils sont censés avoir en charge la protection de la biodiversité, donnent une bonne conscience qui déresponsabilisent les citoyens et les entreprises dans leurs activités courantes .

Toute politique de conservation entraîne des transferts de technologie et de financement. En effet les pays du sud plus pauvres, certains très pauvres, sont les détenteurs des plus grands gisements de biodiversité, mais leurs politiques de développement, de sécurité alimentaire ou de survie ne réservent généralement pas à la conservation des espèces le premier rang des priorités. Le consentement à payer des pays riche pour la conservation de la biodiversité des pays pauvres s'est souvent posé en terme de qualité de placement, de recherche d'efficacité des coûts sur des zones à forte diversité. Depuis peu cependant les politiques d'aide favorisent de nouveaux projets plus intégrés à la vie économique et sociale ordinaire, dans lesquels la participations des communautés locales jouent un rôle majeur.

    2. Les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont le produit de biotechnologies récentes qui permettent le transfert d'un gène et son expression d'un organisme à un autre sans tenir compte des barrières de reproduction naturelle. Par exemple, on trouve ainsi actuellement sur le marché les tomates transgéniques de conservation longue dont une partie des gènes viennent de virus et de bactéries, ou encore du soja résistant à un herbicide abritant des gènes de Pétunia, de bactéries et de virus. Nous voici à l'aube d'une ère nouvelle, certainement aussi atroce, inespérée que celle du contrôle de l'atome par les physiciens. L'utilisation des OGM n'est pas sans risque et renvoie aux questions de biosécurité: comment évaluer les effets à moyens termes du largage des OGM dans la nature ? La fuite en avant est-elle irréversible puisque d'une part "on arrête pas le progrès" et que d'autre part la dispersion des micro-organismes génétiquement modifiés ne peut-être contenue? Les réglementations nationales ont-elles encore un sens, et peut-on produire une norme internationale universellement appliquée? Parallèlement au développement de l'industrie du vivant , se met en place un impressionnant attirail juridique de protection intellectuelle sur les produits des biotechnologies : plantes ou animaux transsoniques, vaccins. On constate que les ressources génétiques entretenues par les communautés rurales ainsi que les usages et connaissances populaires sont d'accès libre et servent de matériaux de base à la production de nouvelles ressources à accès contrôlé. Le débat sur les brevets et les droits des paysans est une question clé de l'appropriation du vivant.

 Il importe aujourd'hui de définir les bases d'une gestion responsable et démocratique de la diversité du vivant à l'échelle mondiale. Cela implique de mettre en pratique le dicton "penser global, agir local" mais aussi de faire en sorte que le "local" soit correctement représenté dans le "global". Ce qui doit se traduire par des efforts conséquents dans les orientations suivantes:
 . Asseoir un processus conduisant à la représentation démocratique des acteurs dans la négociation internationale.
Comme la gestion de la biodiversité fait intervenir une grande diversité d'acteurs et que l'ensemble de l'édifice est supporté par des bases conceptuelles branlantes et difficilement traduisible dans de nombreuses cultures, on comprend la complexité de construire la représentation démocratique dans une négociation internationale. Cependant aujourd'hui la norme internationale produite dans le cadre des conférences des Parties, des forum mondiaux et autres ateliers d'experts, échappe totalement aux citoyens. Or la mise en oeuvre d'un programme international au niveau local relève essentiellement de l'interprétation qu'en font les acteurs : "si la force d'un programme international tient à son universalité, sa faiblesse réside dans le fait que sa concrétisation repose essentiellement sur la volonté politique des gouvernements et sur le dynamisme des acteurs locaux". L'enjeu est d'une part de favoriser les moyens de formation et d'informations à travers l'échanges d'expériences et la mise en relation des différents acteurs et d'autre part de tenir des espaces de négociations intermédiaires (régionales, nationales) qui permettent à l'échelon local d'être représenté et entendu.
 . La reconnaissance du rôle fondamental des acteurs locaux / communautés rurales traditionnelles dans la gestion de la biodiversité exige un profond changement de représentation culturelle de la part de ceux qui, en vertu du paradigme du progrès industriel libérateur, en ont longtemps nié les savoirs. Cette reconnaissance de la fonction des sociétés non industrielles doit se traduire par une législation protégeant les savoirs et les usages favorisant la gestion responsables des ressources. Elle doit soutenir l'accès des communautés rurales à une alimentation suffisante et un niveau de vie décent. La représentation politique des communautés rurales et autochtones dans les assises internationales est un atout pour la stabilité du système de conservation global de la biodiversité .
 . A l'heure de l'économie du marché, la mise en place de mécanismes économiques stables doit soutenir les activités des communautés en faveur de la conservation de la biodiversité. Le Fonds pour l'Environnement Mondial à fort à faire pour définir et faire respecter les canons de l'orthodoxie de l'environnement global : les activités qu'il finance doivent produire avant tout des bénéfices globaux (concept d'économiste complètement anachronique pour un biologiste). L'efficacité des coûts est un leitmotiv de l'économie libérale, ce qui se traduit par la concentration de financement dans les centres d'excellence, les régions dites "hot spot" à forte diversité, au détriment de systèmes plus décentralisés, responsabilisant pourtant de plus larges secteurs de la société. Des formes d'incitations très diverses, directes ou indirectes, sont susceptibles de contribuer à l'autofinancement de la conservation, même si il parait difficile de rendre également économiquement rentable des écosystèmes inégalement pourvus en ressources et en potentiel de valorisation.  . La recherche scientifique et l'innovation technique sont des puissants moteurs dans l'orientation des politiques économiques. Cependant il existe dans les pays démocratiques riches un déficit de contrôle populaire pour leur permettre de répondre aux besoins des acteurs de terrains. Ce contrôle est encore plus ténu dans la mise en oeuvre de politiques globales. L'innovation technique est nourrie par le profit . L'application industrielle de biotechnologies protégées par des brevets offre de lucratives perspectives pour les firmes pharmaceutiques et agro-alimentaires. La généralisation de droits de propriété intellectuelle sur le vivant oriente naturellement la recherche, elle même subventionnée dans l'économie libérale par des capitaux privés. Dans le domaine de la génétique agricole l'institution scientifique aurait ainsi été utilisée pour occulter les enjeux d'expropriation du vivant . L'adhésion de la société aux conséquences de ces innovations (la généralisation des OGM par exemple) comme à la privatisation du vivant par les brevets, demanderait que les risques vis à vis de l'environnement comme de la démocratie, soient correctement évalués. En absence de certitude scientifique, la responsabilité serait d'appliquer le principe de précaution qui préconise des mesures de prévention lorsque qu'apparaît une menace grave ou irréversible. La réorientation des objectifs de la recherche devrait servir une gestion globale plus raisonnée de la biodiversité en tenant compte des valeurs, des aspirations et des intérêts de la grande diversité de sociétés qui compose l'humanité .
 Cette note de stratégie est largement tiré d'un document publié par la revue Ecodécision (Pas de conservation sans participation publique. , hiver 1997 , 28-30). Elle renvoie pour plus de détails aux travaux et comptes rendus de récents forum concernant les principaux enjeux sur la biodiversité.

 

 

 Erosion génétique

 

 L'érosion génétique peut se manifester au niveau de la faune et de la flore sauvage dans le cas d'espèces introduites qui entrent en compétition avec des variétés ou des races sauvages. Cependant, il est plus fréquent de parler d'érosion génétique dans les domaines de l'agriculture et de l'élevage.
 L'intensification de l'agriculture passe par l'expansion de l'irrigation et l'introduction de variétés améliorées dites "à haut rendement". Excepté dans les zones de culture marginales (environnement aride ou semi-aride, régions montagneuses), ou dans des régions défavorisées sur le plan socio-économique, les variétés locales de nombreuses espèces cultivées ont été balayées par les nouvelles variétés issues de programme d'amélioration des plantes. L'amélioration génétique donne l'opportunité aux paysans de cultiver des variétés ou des races mieux adaptées aux conditions locales, plus résistantes aux agressions biotiques et abiotiques, ou plus productives. Cependant, la substitution des variétés locales se solde par une érosion de la diversité des plantes cultivées et par une uniformisation génétique croissante. Le déclin de la diversité génétique locale représente une réelle menace pour l'agriculture, et en particulier pour les agricultures de subsistance: une plus grande vulnérabilité des récoltes aux aggressions biotiques due à l'uniformité génétique; la monétarisation complète de l'agriculture, avec un rôle accru pour les industries semencière et petrochimique; en parallèle, l'impossibilité, pour les paysans les plus pauvres, de se retourner vers une agriculture extensive basée sur les variétés locales; la réduction de la diversité génétique qu'utilisent paysans et améliorateurs pour développer de nouvelles variétés. Or, les conditions agro-climatiques étant en perpétuelle évolution, cette diminution du potentiel génétique des plantes pourraient bien poser de graves problèmes dans les années à venir.
    Dans le domaine de l'élevage, on constate aussi un appauvrissement génétique du cheptel dû, en grande partie, au croisement des races locales avec des races introduites. Celui-ci a pour but, dans le cas de l'espèce bovine, d'augmenter la production laitière. La substitution de races indigènes par des races exogènes est aussi pratiquée pour des raisons de transformation et de commercialisation comme dans le cas de la volaille en Inde.

 

 Organismes génétiquement modifiés

 

 Produits du génie génétique, les organismes génétiquement modifiés (OGM) ont des applications nombreuses en agriculture. Quelques exemples tirés des produits d'OGM déjà commercialisés montrent une orientation somme toute classique de la sélection en agriculture moderne, avec une tendance plus affirmée de relation avec l'industrie: retard du pourrissement du fruit (tomate), amélioration de la composition moléculaire de l'huile (colza), résistance aux insectes (coton, pomme de terre), aux virus (courge), aux herbicides (soja, coton).
 Plusieurs types de risques sont généralement distingués. D'une part, les risques liés aux techniques du génie génétique: les nouvelles modifications génétiques peuvent être dangereuses en particulier lorsqu'elles utilisent de l'ADN virale comme vecteur pour le transfert de matériel génétique; d'autre part, les risques causés à l'environnement immédiat par la dissémination accidentelle ou volontaire des OGM. Les nouvelles caractéristiques conférées à la plante par l'introduction d'un gène étranger peuvent conduire à l'ensauvagement des OGM laissés dans le champ après culture. Cela pourrait avoir des conséquences sur l'écosystème, la chaîne alimentaire, et créer de nouveaux problèmes de gestion des systèmes agraires, ou, comme on a pu l'observer dans le cas du coton transgénique, engendrer le développement d'insectes résistants à la toxine produite par la plante. Un autre risque porte sur le transfert de gènes des plantes transgéniques dans des espèces voisines sauvages, à travers la pollinisation naturelle. Ce qui créerait des mauvaises herbes résistantes aux herbicides...  
 Une menace plus générale concerne l'érosion de la biodiversité. Le génie génétique est parfois présenté par ses prosélytes comme un moyen d'augmenter la biodiversité puisqu'il permet théoriquement de créer à l'envie de nouveaux objets biologiques. Cependant, seuls des produits commercialement performants sont développés. La créativité ne s'applique alors qu'aux gènes " rentables " pour l'agro-industrie. La substitution des autres cultures et variétés dans les champs par les meilleurs OGM risque de réduire considérablement la diversité agricole existante.

 

  Espèces introduites

 

 L'introduction d'espèces exogènes est intimement liée, dans les domaines de l'agriculture et de l'élevage, à la substitution et à l'abandon de variétés ou de races locales, qui tendent alors à disparaître graduellement si aucun effort n'est entrepris pour les sauvegarder.
Les espèces introduites en milieu naturel peuvent, quant à elles, avoir un impact indésirable sur la faune et la flore sauvage.
 
 Bien qu'une majorité des espèces accidentellement introduites s'éteignent peu de temps après cette migration fortuite, il arrive qu'elles s'installent dans une niche écologique et qu'elles déstabilisent la structure et le fonctionnement de l'écosystème local tout en accélèrant la disparition d'autres espèces. Les écosystèmes aquatiques sont particulièrement touchés par le problème des espèces introduites. Mentionnons simplement à titre d'exemple le cas préoccupant de l'algue Caulerpa toxifolia en Méditerranée ou l'invasion des cours d'eau nord-américains par la moule Dreissena polymorpha venue d'Europe en 1986. Dans un tout autre type d'écosystème, celui des îles Galapagos, la faune et la flore - qui est de nature largement endémique - serait aussi menacée par des espèces introduites. Nombre d'espèces d'oiseaux nichant dans ces îles ont disparu à cause d'espèces introduites (rats, serpents...).  L'introducion intentionnelle d'espèces est généralement pratiquée dans un but de lutte contre d'autres espèces, de production, ou de conservation. En agriculture, des espèces prédatrices d'insectes sont utilisées dans la lutte intégrée contre des espèces nuisibles. Même si cette méthode n'est appliquée qu'à l'échelle d'un champ ou d'une plantation, elle doit être maîtrisée et prendre en compte de nombreux facteurs écologiques. Si ces conditions ne sont pas respectées, l'introduction d'espèces peut aussi donner lieu à une érosion de la biodiversité locale. Ainsi, la truite arc-en-ciel introduite dans certains lacs des Pyrénées pour y relancer la pêche a-t-elle causé un recul d'une espèce endémique, l'euprocte de Pyrénées. Cet exemple illustre le problème de l'intervention humaine sur des écosystèmes dont on n'a pas recensé toutes les composantes ou dont on connaît mal le fonctionnement. Parmi ces interventions, l'introduction d'espèces peut entrainer des effets secondaires qui s'avérent indésirables et difficilement gérables.

 

  Substitution des variétés locales

 

 Les développements les plus récents de l'agriculture se sont opérés au rythme de la recherche agronomique, qui a joué un rôle primordial dans l'amélioration des plantes. La sélection des variétés cultivées, traditionnellement assurée par les paysans eux-mêmes, est en quelque sorte devenue la prérogative des améliorateurs dans le modèle agricole qui s'est répandu à travers le monde au cours des dernières décennies.
 Dans le domaine de la recherche agronomique, améliorer signifie généralement sélectionner la variété la plus performante pour un milieu donné et la diffuser le plus vaste largement possible dans cet environnement. Au coeur de cette notion d'amélioration réside donc un facteur d'érosion de la biodiversité, puisqu'il s'agit d'abandonner pour remplacer. L'on assiste ainsi à une substitution massive des variétés locales, que les agriculteurs abandonnent progressivement au profit de variétés améliorées généralement subventionnées par l'Etat afin de promouvoir un nouveau mode de culture. Pour une espèce cultivée donnée, l'on ne rencontre aujourd'hui plus que quelques variétés dans les agricultures fortement industrialisées. La perte des variétés locales est rarement perçue comme une réelle perte dans la mesure où l'objectif premier, l'augmentation de la productivité, a été atteint.
 La variabilité interne à ces variétés a par ailleurs souvent été fortement réduite à cause de contraintes commerciales ou réglementaires qui poussent vers une uniformisation des produits.  Dans les pays du Sud, l'érosion génétique au sein des espèces est particulièrement marquée dans les régions où des méthodes de culture intensive ont été adoptées.

 

  Biotechnologie

 

 Les technologies du vivant intègrent les progrès de la biochimie, de la biologie moléculaire, de la génétique, des sciences de l'ingénierie. Elles se proposent d'une part de décrypter les mécanismes de la vie, d'autre part, de mettre à profit les potentialités de transformation et de synthèse des cellules pour fournir des produits de haute complexité chimique ou même multiplier de nouveaux organismes vivants.
Elles sont utilisées pour répondre à des besoins dans des domaines très variés comme l'agriculture, la santé humaine, l'industrie, la production d'énergie...
Les biotechnologies ainsi que leurs produits (gènes, organismes, variétés) peuvent être protégées dans la plupart des pays industriels par un droit de propriété intellectuelle qui assure à l'innovateur une rétribution pour la recherche qu'il a entreprise. L'investissement important pour produire une plante transgénique par exemple est consenti à hauteur du gain que peut faire espérer le marché protégé de la semence. Le marché mondial annuel des semences est de l'ordre de 10 milliards de dollars US, dont un quart pourrait être couvert à moyen terme par les produits des biotechnologies.
La maîtrise sociale des biotechnologie est l'une des clés principales de la gestion responsable de la biodiversité.

 

 Biosécurité

 

 Les réglementations concernant la biosécurité servent à maîtriser le développement des applications des biotechnologies. La biosécurité se fonde sur l'évaluation biologique dans l'environnement de l'utilisation des organismes génétiquement modifiés (OGM). Dans cette évaluation sont considérés la nature des OGM, l'environnement où l'OGM sera relâché et l'interaction entre l'OGM et les autres espèces.
Même si la biosécurité concerne tous les OGM, l'impact des plantes transgéniques larguées massivement dans les champs fait l'objet d'un intérêt accru. Les essais en champs, qui constituent une part importante de l'évaluation, paraissent souvent insuffisants pour mesurer l'impact des plantes transgéniques sur des grandes surfaces dans des régions diversifiées.
Plusieurs pays, essentiellement les pays industrialisés, ont élaboré ou sont en train de développer leurs législations nationales en matière de biosécurité.
Devant l'expansion rapide des applications de la biotechnologie moderne et du commerce d'organismes génétiquement modifiés et prenant en considération les craintes du public devant les dangers potentiels posés par les OGM sur la santé humaine et animale, sur la biodiversité et sur l'environnement, et sur la situation socio-économique des pays, la Conférence des Parties contractantes à la Convention sur la Diversité Biologique a demandé en 1995 l'élaboration d'un projet de protocole qui réglementerait le transfert transfrontalier d'organismes vivants modifiés par la biotechnologie. Ce protocole est en cours de discussion.

 

 Brevets

 

 La première loi sur les brevets intervient aux Etats-Unis en 1793. Elle est créée pour protéger des innovations de produits et de procédés en octroyant à l'inventeur un monopole de fabrication, d'utilisation et de vente. En 1980, le cas Chakrabarty traitant de la brevetabilité d'un micro-organisme génétiquement modifié allait établir un précédent très important dans l'histoire de la propriété intellectuelle: l'application du brevet au vivant.
Quatre critères sont nécessaires au dépôt d'un brevet : la nouveauté, l'activité inventive, l'utilité industrielle potentielle, et une divulgation suffisante de l'invention (description suffisamment complète pour permettre à une personne du métier de la reproduire). Le brevet représente une protection forte, puisque dans le cas d'innovations biotechnologiques sur du matériel phytogénétique, il interdit la création de nouvelles variétés à partir de la ressource génétique brevetée, la conservation d'une partie de la récolte par l'agriculteur, et la commercialisation de la génération suivante sous forme de semences. La brevetabilité du vivant soulève de sérieuses questions éthiques, qui pèsent cependant peu dans la balance face aux pressions de l'industrie pour une protection forte. L'on constate aussi la revendication de monopole très large de la part des inventeurs en matière de biotechnologies, monopole qui est parfois consenti sans que son impact ait pu être rigoureusement évalué.

 

 Droit des communautés

 

Ce concept traduit la volonté des pays du Sud possédant des ressources biologiques importantes de voir leur innovation, leur savoir-faire, et leur ressources protégés. Il montre aussi que certaines régions et communautés cherchent aujourd'hui à se donner les moyens d'asseoir leur contrôle sur leurs ressources de façon à accroître leur vigilance par rapport à leur appropriation. Les droits des communautés ne reposent pas nécessairement sur le concept de propriété. Si certains défendent l'idée que les communautés doivent à leur tour devenir les bénéficiaires de droits de propriété intellectuelle, d'autres personnes souhaitent qu'elles se dotent d'un régime de protection alternatif. Ainsi, la notion de 'droits communs' fait son chemin, illustrant la nature collective des savoir-faire locaux, et permettant la protection des droits intellectuels des populations rurales ou indigènes. L'application de ces droits dans la pratique reste difficile à définir, la question centrale se situant autour de la relation entre états et communautés: comment s'assurer que les innovateurs eux-mêmes restent maîtres de leurs innovation, et quel système de rétribution peut être mis en place afin que les communautés ne soient pas systématiquement 'court-circuitées' par l'Etat?
Notons aussi que certains pays, tels que les Philippines, la Thaïlande, ou encore les membres du Pacte Andin (Colombie, Vénézuéla, Equateur, Pérou et Bolivie) s'intéressent au développement d'une législation plus complète traitant aussi bien de l'accès à la terre et aux ressources génétiques, que de la documentation des savoirs, de la protection des traditions agricoles ou médicinales locales, ou de la biosécurité.