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  Zones humides
 La basse plaine de l'Aude  
   


 Les zones humides, où se rencontrent et se mêlent la terre et l'eau, sont les milieux naturels les plus variés et les plus productifs du monde en matière vivante, après les forêts tropicales.

" Né d'un lent processus géologique où se conjugue mer, vent, sable et fleuves, un chapelet de lagunes, unique par son importance, sa valeur et sa beauté, caractérise la côte languedocienne. Ces étangs, peu profonds et de taille variable, couvrent aujourd'hui près de 40 000 hectares.
Paradoxalement, bien que visités chaque été par des millions de touristes, ils restent largement méconnus : le grand public ne soupçonne pas que ces lagunes connaissent depuis peu une évolution radicale et souvent inquiétante, comme c'est d'ailleurs le cas de beaucoup de zones humides méditerranéennes, et de France. "

Continuer à supprimer, combler partiellement lagunes et étangs, et les laisser se dégrader portent atteinte à l'équilibre naturel de la région. La préservation de ces espaces, de ce patrimoine, de cette ressource économique doit reposer sur des protections fortes : sites classés, réserves naturelles et arrêtés de biotope, acquisitions du Conservatoire du littoral… Elle doit être accompagnée d'une mise en place de la gestion globale de l'écosystème lagunaire incluant les eaux marines, les échanges avec la mer et leur bassin versant.
Pour cela l'homme doit connaître et prendre conscience des contraintes liées au fonctionnement de ces milieux.

Mesures de protection
1971 : Convention de Ramsar internationale
1992 : Loi sur l'eau en France, élaboration des Schéma Directeur de l'Aménagement et de la Gestion des Eaux (SDAGE)
1995 : Plan d'action pour les zones humides

 La basse plaine de l'Aude; Auteur: association Pégase  mars 02

 

 Pourquoi protéger la basse plaine de l'Aude ?

La basse plaine de l'Aude, bordée par le massif de la Clape et le plateau de Vendres, est une vaste zone humide et lacustre de 60 km² relativement préservée jusqu'ici de l'urbanisation et de l'artificialisation. Elle a été créée dans l'ancien delta du fleuve qui a comblé progressivement son estuaire lors de ses inondations. Elle comprend un ensemble d'étangs desservis par un réseau de canaux, ceux de la Matte, Vendres et Pissevaches auxquels se rattachent ceux de Capestang, Poilhes et Montady.
Située près du littoral et au cœur d'une région au riche passé historique et archéologique, elle constituera de plus en plus un pôle d'attraction exceptionnel pour un tourisme fondé sur la redécouverte de la nature, aux portes de Béziers et de Narbonne, sur les Communes de Nissan, Lespignan, Vendres, Salles et Fleury d'Aude. A la différence de la Camargue, elle est encadrée par des collines qui constituent un excellent belvédère naturel d'observation.

Une grande diversité écologique :

Les berges de l'Aude, constituées d'alluvions, sont plus hautes que sa vallée, et les terres sont d'autant plus basses et humides qu'elles sont plus éloignées de la rivière. Cet espace se caractérise donc par une grande diversité de terrains en fonction du niveau, du degré d'humidité et de salinité, et de la composition des sols. Cela entraîne une importante diversité des milieux et des types de végétation (depuis les cultures jusqu'aux plans d'eau, en passant par les prairies, les joncs et les phragmitaies), qui se traduit par une variété considérable des espèces animales.

Une flore remarquable :

Les bordures sont le domaine de la vigne, culture ancestrale et qui supporte bien les inondations de la rivière. Plus loin s'étendent des friches, des prairies humides et des prés salés. Sur les berges de l'Aude, des fossés et des canaux, ce sont des arbres et arbustes (peupliers, frênes, aulnes, tamaris, cannes de Provence) où certaines espèces d'oiseaux peuvent nicher. Les étangs sont le domaine des cannes de Provence, massettes, scirpes et phragmites. L'étang de Vendres est l'une des plus grandes roselières de France. Sur les versants des collines, des bosquets de pin complètent cet éventail végétal.
Une flore riche en espèces rares s'est développée. Parmi celles-ci, on remarque les espèces protégées qui poussent sur les pourtours : le limoniastrum monopetalum, l'immortelle de Béziers, moricandia arvensis et ophrys tenthredinifera, une orchidée menacée de disparition. La rarissime astragale de Narbonne trouve ici l'un de ses trois sites répertoriés.

Une richesse ornithologique rarement observée :

Lieu de halte de bien des oiseaux migrateurs, cette zone abrite également une grande variété d'oiseaux nicheurs. Le secteur le plus riche est l'étang de Vendres qui est comparable à la Camargue par le nombre des espèces qui y trouvent refuge. Sur ses 2000 hectares 107 espèces ont été observées, dont 80 nichent sur place. Parmi celles-ci, 25 comptent un nombre d'individus rarement atteint sur un autre site en Europe. 15 espèces figurent sur la liste des espèces menacées et protégées par les législations française et européenne. C'est le cas de la Pie Grièche à Poitrine Rose dont la moitié de la population de France vit dans cette zone, et qui a été adoptée comme emblème par la Coopérative des Vignerons du Pays d'Ensérune.
Le héron pourpré, le butor étoilé, le busard des roseaux, l'échasse blanche, la lusciniole à moustache, la mésange à moustache nichent sur cet étang à raison de plus de 1% de la population de l'espèce répertoriée en France, Cette zone est donc indispensable à la survie de ces espèces.
Suivant les saisons, on découvrira sur les collines bordant les étangs le coucou-geai qui parasite les pies, le rollier, des guêpiers chassant les taons et les libellules, la huppe.
Au printemps et jusqu'à la mi-juillet, on peut observer de nombreux passereaux, dont les colonies de rousseroles turdoïdes, les rousseroles effarvates, les bouscarles de Cetti, les bruants des roseaux ; et, en bordure, dans les branches basses et les buissons, les rossignols.
Les rapaces participent à l'équilibre écologique. Sur les étangs et les prairies planent les busards des roseaux et les busards cendrés. On rencontre aussi le faucon crécerelle et le faucon hobereau, l'épervier, la buse variable, le circaète jean le blanc, le balbuzard pécheur ; et la nuit le petit duc, la chouette chevêche, l'effraie, la hulotte.
Les grèbes huppés naviguent de la mer à l'Aude et aux étangs, rejoignant les grèbes castagneux et grèbes à cou noir.
Les hérons cendrés, les cigognes noires et les cigognes blanches, les échasses, les aigrettes garzettes, les sternes, guiffettes et limicoles complètent cette remarquable avifaune.
Les espèces de gibier d'eau sont fortement représentées : les espèces de canard sont presque toutes présentes, y compris le tadorne qui niche sur les étangs de la Matte et de Pissevaches ainsi que dans les talus de l'Aude et dans la massif de la Clape. Les canards siffleurs, souchets, sarcelles d'été et d'hiver, foulques, poules d'eau, râles d'eau, fuligules milouins et morillons, nettes rousses abondent.

Une valeur environnementale largement reconnue :

La richesse écologique de la basse plaine de l'Aude a été attestée par les études scientifiques et a entraîné son classement dans des inventaires spécifiques :
- au niveau national comme ZNIEFF (zone naturelle d'intérêt écologique pour la faune et la flore) ;
- au niveau européen comme ZICO (zone d'intérêt communautaire pour les oiseaux), ZPS (zone de protection spéciale), et NATURA 2000.

Une qualité paysagère exceptionnelle :

Les fréquentes inondations ont longtemps dissuadé de construire des habitations dans la plaine. Elle est donc très peu concernée par l'urbanisation, les constructions se limitant pratiquement aux petites granges et abris pour les agriculteurs. Les villages se sont créés sur les bordures et les collines.
Grâce à eux, mais aussi aux éleveurs et aux chasseurs qui l'ont entretenue et ont façonné son territoire au cours des siècles, cette zone offre des paysages d'une grande beauté, restés naturels et authentiques : en bordure des rives boisées de l'Aude et des collines c'est une mosaïque de petites parcelles de vigne, entrecoupées de friches ; puis des espaces bocagers, formés de prairies délimitées par un réseau de fossés que soulignent des arbustes ; ensuite les étendues de roselières et les plans d'eau des étangs ; vers la mer des zones à sansouïre, et le cordon dunaire auquel seuls des campings et l'ancien hameau de pécheurs des Cabanes de Fleury donnent une certaine touche artificielle. L'ensemble est encadré par l'écrin constitué des collines de la Clape et du plateau de Vendres.
Cette qualité paysagère est reconnue et doit prochainement se traduire par son classement au titre des sites (loi de 1930), que demande l'association PEGASE depuis 1994.

Des vestiges archéologiques et historiques nombreux :

La basse plaine de l'Aude et ses abords témoignent d'une occupation ancienne : nécropoles à Vendres, oppidum à Lespignan, aqueduc, villas gallo-romaines du premier siècle, restes d'un temple de Vénus, tombes wisigothiques du cinquième. Des vestiges d'un passé plus récents subsistent également : chapelle de Saint Christol, château de Castrelnau, maisons Renaissance, fontaine publique de Vendres, moulins, bergeries.

Les menaces qui pèsent sur ce site :

Cet espace est fragile et doit être protégé pour conserver sa qualité et sauvegarder ses espèces animales rares qui risquent de disparaître. Or elle a été gravement menacée dans le passé par des projets de station balnéaire, de lotissements, d'extension d'urbanisation, des transformations de granges en résidences.
Il subsiste encore des menaces sérieuses d'artificialisation et de banalisation des paysages par des équipements lourds et des constructions :
- Dans l'état actuel du projet d'aménagement hydraulique de la plaine de l'Aude, il est prévu de faire un " retalutage " presque systématique des berges de la rivière, qui supprimerait les arbres servant d'habitat à des espèces risquant de disparaître.
- Il y a des autorisations de création de campings dans la partie littorale, ou pour les transformer en y installant des logements fixes, alors que cette frange doit garder un caractère de coupure d'urbanisation de la cote, qui est complètement artificialisée de part et d'autre.
- L'implantation de résidences, nouvelles ou par transformation de granges, défigureraient le paysage et nuiraient à la faune.

1996 : adoption du SDAGE par le Comité de Bassin
2002 : élaboration d' Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) de la Basse vallée de l'Aude